Le Canadien

Streit, en attendant Markov

En attendant de savoir si Andrei Markov revient à Montréal, Marc Bergevin se donne des options en quantité. Reste à voir si la qualité suivra.

Après Karl Alzner, David Schlemko, Joe Morrow et Jakub Jerabek, le Canadien a ajouté un cinquième défenseur gaucher à sa formation depuis le début de la saison morte. L’équipe s’est entendue hier avec Mark Streit sur les clauses d’un contrat d’un an. L’entente est d’une valeur de 700 000 $, selon TVA Sports.

Streit en sera donc à un deuxième tour de piste avec le Canadien, après un premier séjour de 2005 à 2008. C’est toutefois d’un Streit en fin de parcours que le Tricolore hérite, cette fois. Le Suisse fêtera ses 40 ans en décembre et pendant les séries avec les Penguins de Pittsburgh, il a été contraint à un rôle de réserviste, ne jouant que trois matchs.

C’est justement ce type d’expérience que Streit souhaite apporter à sa nouvelle équipe.

« Tous les joueurs veulent jouer tous les matchs et beaucoup de minutes, a expliqué Streit au cours d’une conférence téléphonique principalement en français, hier. J’ai appris dans les derniers mois à Pittsburgh que c’est très important que tous les joueurs d’une équipe acceptent un certain rôle. Quand j’ai eu la chance de jouer, j’ai tout donné. Maintenant, je crois que le succès d’une équipe, c’est la chose la plus importante. Une équipe va gagner seulement si tous les joueurs acceptent leur rôle. »

Si Streit s’exprime ainsi, c’est qu’il a justement vu son rôle changer dans la dernière année. Employé 22 minutes par match par les Flyers de Philadelphie de 2014 à 2016, il ne jouait plus que 19 minutes par match pour les Flyers la saison dernière. Ils l’ont échangé aux Penguins en fin de saison, où il a vu son utilisation passer à 17 minutes.

Markov, le silence

Tous se demandent, évidemment, si l’arrivée de Streit ferme bel et bien la porte au retour de Markov à Montréal. Comme le Russe, Streit tire de la gauche et peut évoluer en avantage numérique. Mais il n’offre pas la même qualité de jeu d’ensemble qui a permis à Markov d’être jumelé à Shea Weber en fin de saison et en séries.

Markov est toujours sans contrat en vue de la saison 2017-2018.

Des deux côtés, c’est le silence radio. Marc Bergevin n’a pas parlé aux médias depuis le 2 juillet, tandis que Markov n’a pas d’agent et se représente lui-même. Reste Sergei Berezin, l’ancien agent de Markov, qui n’apparaît plus dans la liste officielle des agents reconnus par l’Association des joueurs de la LNH. Berezin demeure visiblement très près de Markov, si l’on se fie aux photos et vidéos du 79 qu’il publie sur son compte Instagram. Cela dit, Berezin n’a pas répondu aux messages laissés par La Presse hier.

Évidemment, la question de Markov a été évoquée avec Streit hier. Le Suisse a assurément fait ses devoirs avant de s’engager avec le Canadien. Mais il n’a rien voulu dire en conférence téléphonique.

« Je ne connais pas l’état des négociations. L’avenir de Markov était un facteur [dans ma décision], mais pas le facteur principal. L’important, c’est que je suis enthousiaste d’avoir signé ce contrat. »

« Oui, j’ai les habiletés pour jouer en avantage numérique. C’est même une des raisons pour lesquelles je joue dans la LNH. Si je peux le faire, ce serait super. »

— Mark Streit

Sur le plan salarial, Bergevin a encore de l’espace pour Markov. Selon les chiffres de CapFriendly, le CH bénéficie encore de 8,5 millions de dollars sous le plafond salarial en vue de la prochaine saison.

Le Canadien demeure pris avec un trou sur le flanc gauche dans les deux premiers duos de défenseurs. Outre Alzner, personne parmi Schlemko, Morrow, Jerabek, Brandon Davidson et Jordie Benn n’a occupé un tel rôle à temps plein dans la LNH. Alzner jouera avec Weber ou Jeff Petry, mais bien malin celui qui prédira l’identité de l’autre gaucher qui complétera ce quatuor.

Streit, lui, a déjà joué un tel rôle, mais c’était à une autre époque. S’il avait encore le potentiel pour occuper cette chaise, on devine qu’une équipe l’aurait embauché bien avant le 25 juillet.

« Je ne suis pas vieux »

Mark Streit s’oppose vite quand on lui souligne qu’il deviendra quadragénaire au cours de la prochaine saison. D’autant plus qu’il aurait très bien pu prendre sa retraite cet été, en pleine gloire, après avoir gagné la Coupe Stanley. « J’ai commencé tard dans la LNH, j’avais 27 ans. Comme joueur de la LNH, je ne suis pas vieux. J’ai encore beaucoup de passion pour le jeu. Le hockey a changé. C’est plus rapide qu’il y a 10 ans. Mais je patine bien. Offensivement et défensivement, c’est encore bien. Je veux jouer le sport que j’adore aussi longtemps que possible. Je crois que je peux aider l’équipe. »

La Coupe à Berne !

Streit vivra un moment inoubliable la semaine prochaine. Il aura droit à sa journée avec la Coupe Stanley. Le 2 août, il présentera donc le trophée à ses concitoyens de Berne. « Ce sera une journée unique. Il y aura une réception avec le maire de Berne. Ce sera seulement la deuxième fois que la Coupe Stanley sera en Suisse, les deux fois à Berne. » En fait, Streit est le troisième Helvète à remporter la Coupe, après les gardiens David Aebischer (Avalanche du Colorado, 2001) et Martin Gerber (Hurricanes de la Caroline, 2006).

Retrouvailles

À Montréal, Streit renouera avec Claude Julien, son premier entraîneur dans la LNH. « Je vais parler à Claude bientôt, on va renouer », a mentionné le défenseur. En quoi a-t-il évolué depuis son premier séjour au Québec ? « J’ai plus d’expérience. Je suis pas mal plus intelligent défensivement. Je suis encore assez bon en avantage numérique. C’était déjà ma plus grande force il y a 10 ans. C’est l’expérience, lire le jeu et réagir. Si je peux aider l’avantage numérique, je le ferai. Sinon, je ferai autre chose. Le jeu est plus rapide qu’avant, mais tu apprends à mieux te positionner. »

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